ALEPH
un extrait :
- Mais un jour le temps de cette vie s'achève, intervient Yao.
- S'achève ? La mort est une porte pour une autre dimension.
- Et cependant, malgré tout ce que vous dites, nos êtres chers et nous-mêmes partirons un jour.
- Jamais, absolument jamais nous ne perdons nos êtres chers. Ils nous accompagnent, ils ne disparaissent pas de nos vies. Nous sommes seulement dans des chambres différentes. Je ne peux pas voir ce qu’il y a dans le wagon qui est devant moi, mais là se trouvent des gens qui voyagent en même temps que moi, que vous, que tout le monde. Le fait que nous ne pouvons pas leur parler, ni savoir ce qui se passe dans l’autre voiture, est absolument sans importance. Ils sont là. Ainsi, ce que nous appelons « vie » est un train avec de nombreux wagons. Parfois nous sommes dans l’un, parfois dans l’autre. D’autre fois nous traversons de l’un à l’autre, quand nous rêvons ou quand nous nous laissons emporter par l’extraordinaire.
- Mais nous ne pouvons pas les voir ni communiquer avec eux.
- Si, nous le pouvons. Toutes les nuits, nous passons dans un autre plan, quand nous dormons. Nous parlons avec les vivants, avec ceux que nous jugeons morts, avec ceux qui sont dans une autre dimension, avec nous-mêmes – les personnes que nous avons été et que nous serons un jour.
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